COMMENT REUSSIR SON RAMADAN EN TEMPS DE COVID -19 ?

Posted on Posted in Uncategorized

COMMENT REUSSIR SON RAMADAN EN TEMPS DE COVID 19 ?

Le glorieux mois de ramadan de l’année en cours commence cette fin d’avril 2020, dans un contexte particulier marqué par l’infection au nouveau coronavirus. Alors que le monde entier traverse cette crise sanitaire inédite, les musulmans se préparent à accomplir le jeûne du mois du Ramadan dans des circonstances exceptionnelles. Ce contexte est non seulement marqué par la maladie du covid 19 toujours active dans plusieurs pays mais aussi par des mesures restrictives de liberté individuelle et collective visant à rompre la chaine de transmission de la maladie. Ainsi, les mosquées sont fermées, les prières en commun suspendus, l’instauration couvre-feu, les personnes sont confinées, les marchés fermés, et tout rassemblement de personnes interdits. Se faisant, les fidèles musulmans se demandent comment jeûner leur ramadan dans de tel contexte de la pandémie de covid 19 ?

Une question très légitime, quand on sait que cette pandémie à bouleverser toutes nos habitudes de vie.

Mais que cela ne tienne, le jeûne du mois de ramadan est une obligation divine qui ne peut être levée par la situation d’une pandémie comme celle-ci. C’est un devoir individuel pour chaque croyant et dont l’accomplissement est strictement individuel n’exigeant pas obligatoirement un rassemblement comme la prière de vendredi par exemple. Dieu dit dans le coran : « …quiconque d’entre vous est présent dans ce mois qu’il le jeûne … ». C2V185. Seuls peuvent reporter le jeûne les personnes malades conformément à ce que Dieu dit : « … et quiconque est malade ou en voyage alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours… » C2V185.

Covid 19 ou pas, le jeûne est obligatoire donc pour tout musulman sédentaire, bien portant, saint d’esprit et pouvant supporter le jeûne.

Hormis les malades de covid 19 ou d’autres pathologies ainsi que les voyageurs, les femmes enceintes ou celles qui allaitent ou qui sont en état de menstrues ou lochies sont dispensées momentanément du jeûne et elles le rembourseront après le ramadan.

Quant aux vielles personnes, les malades chroniques, ils sont dispensés définitivement du jeûne et ils donneront en compensation de la nourriture aux pauvres chaque soir de ramadan.

En somme il n’est pas permis à un musulman de ne pas jeûner, à moins qu’il ne soit établi pour lui avec des preuves scientifiques à l’appui, que la privation de nourriture et de boisson de l’aube jusqu’au coucher du soleil fragilise l’organisme, au point qu’il soit sans défense face au coronavirus.

Maintenant, la question est donc comment accomplir le ramadan avec le covid 19 ?

En tant que croyant, nous devons positiver toute situation d’épreuve et saisir l’occasion pour en tirer profits et grandir en foi. Chercher toujours à sortir de toute épreuve avec plus de piété. Alors nous devons saisir ce moment de covid19 pas comme une handicape mais comme une opportunité pour bien accomplir cette année notre ramadan. Nous ne devons pas avoir peur de jeûner pendant cette période car d’aucun penserais qu’en jeûnant, on s’affaiblit et on sera à la merci de la maladie. Au contraire le jeûne est une occasion propice pour renforcer notre défense immunitaire. On sait aujourd’hui que le jeûne (pas forcément rituel) est thérapeutique, car le repos digestif permet à l’organisme de se centrer sur les autres fonctions, notamment immunitaires. Et le prophète Mohamed avait dit : « jeûner vous acquérez la santé ».

Sur le plan spirituel, le ramadan est surtout marqué par le jeûne dont l’accomplissement est un acte strictement personnel. C’est un acte entre le serviteur et son Seigneur. Dieu dit dans un hadith « Toute œuvre accomplie par le fils d’Adam lui revient sauf le jeûne, lequel M’appartient et Je donne sa rétribution. Il y abandonne sa nourriture et sa boisson pour Moi. ». Dans ce sens, la pandémie de covid ne change en rien l’accomplissement du jeûne. Chaque fidèle seul, face à Dieu qui est le seul témoin de son jeûne. Les piliers du jeûne qui sont l’intention, l’abstinence de manger, de boire, des relations charnelles et le bon comportement (le jeûne des membres) demeurent inchangés. La présente situation doit renforcer plutôt le caractère privé du jeûne et doit aider à assainir notre intention de jeûner exclusivement pour Dieu. C’est pourquoi tous ceux qui avaient l’habitude de jeûner pour se faire voir ou par suivisme (ceux que certains appellent les musulmans de ramadan) pourront changer de perspective.

En outre, en dehors des cinq prières quotidiennes, les prières occasionnées par le ramadan comme les tarawih (les longues prières de chaque nuit de ramadan) le quiyam (les prières des nuits de la dernière décade), les nawafils (les prières surérogatoires volontaires)ainsi la lecture du coran, les invocations …etc sont plus méritoires si on les fait individuellement à domicile qu’à la mosquée. On peut les accomplir en congrégation avec les membres de sa famille. Au temps du prophète, les longues prières de tarawih se faisait individuellement et non en groupe comme actuellement. Donc il n’y a pas de mal à faire la prière à la maison. Au contraire c’est fortement recommandé car plus méritoires. Cependant cela peut se révéler problématique si on ne connait pas faire ses pratiques soi-même. Enfin le confinement et le ralentissement des activités ces temps-ci sont une opportunité pour avoir du temps libre pour multiplier la spiritualité.

D’un point de vue social, ce ramadan sera très différent puisqu’il n’y aura pas de retrouvaille habituelle pour fraterniser, et partager lors des prières, les ruptures de jeûne collective. Il faudra donc jeûner et rompre le jeûne avec vos partenaires de confinement, les membres de votre famille. Cela pourrait avoir un impact psychologique chez certains croyants. Mais l’on pourrait mettre aussi les réseaux sociaux à contribution pour suivre certaines activités de ramadan comme le tafsir (commentaire du coran), les prêches, les formations en ligne et rester en contact avec ses frères. Les imams et les responsables des structures associatives musulmanes sont interpellés dans ce sens.

Quant à la charité légendaire du mois de ramadan, elle est plus que jamais nécessaire en ces temps-ci. Quand on sait que la crise du covid 19 commande plus de solidarité et d’entre-aide sociale. Beaucoup de frères et sœurs sont frappés par la crise au point de manquer de quoi pour le repas du matin ou celui de la rupture. Donc, plus jamais, notre solidarité doit s’exprimer envers eux. On rappelle que la meilleure charité est celle accomplit pendant le ramadan a dit le prophète. D’après un hadith « Le Messager d’Allah était le plus généreux des hommes et il était particulièrement plus généreux pendant le mois de Ramadan, quand Djibrîl venait lui enseigner le Coran. Il devenait alors plus généreux que le vent qui souffle. » (Boukhari, Mouslim) Il a dit aussi « Mettez-vous à l’abri de l’Enfer, ne serait-ce qu’en faisant l’aumône d’une moitié de datte ».

Enfin, sur le plan alimentaire, il n’y pas de régime particulier pour le ramadan. Il est important de privilégier les aliments sains, non transformés, les fruits secs et crus, les légumes et légumineuses, les jus frais ainsi que des soupes pour s’hydrater correctement. Il faut éviter les fritures et sucreries qui épuisent le métabolisme. Comme l’activité physique professionnelle ou sportive est très limité maintenant avec le covid 19, il importe de limiter les féculents et de ne pas trop manger et trop boire. Il faut manger lentement en mastiquant longuement pour faciliter la digestion.

Il faudrait éviter de tomber dans le gaspillage de temps par excès de sommeil, par des heures devant la TV (feuilleton, film, ballon) l’internet (réseaux sociaux), les jeux du hasard les causeries futiles dans les grains, la musique et la paresse. Ce temps libre occasionné par le covid 19 doit être consacré à la spiritualité par la lecture du coran, le zikr (les invocations), les prières surérogatoires, l’encadrement spirituel des enfants …etc.

Il faut souligner que les mesures de lutte contre le covid 19 restent d’actualité et que le ramadan ne doit pas être synonyme de relâchement. Avant tout, il importe de rester chez soi et de limiter ses déplacements au strict nécessaire, en respectant les gestes-barrières. C’est la meilleure façon aujourd’hui de prendre soin de soi, de ses proches, des autres et des personnels soignants qui sont en première ligne.

Frères et sœur musulmans Dieu nous donne une fois de plus une grande opportunité de nous racheter et de rattraper notre retard sur le chemin de la piété. Saisissons-la et jeunons cette année notre meilleur ramadan. Que rien au monde ne nous empêche de réaliser cet exploit. Accueillons à bras ouvert et avec joie le ramadan. Le moindre des choses à faire dans ce mois étant

de ne pas commettre un moindre péché : mentir, voler, corrompre…etc. A ce propos le prophete a dit « Ô Abul Hassan, la meilleure chose à faire durant ce mois, est de s’abstenir de tout ce que Dieu a interdit. ».

Enfin, méditons cet hadith du prophète qui dit : « si mes serviteurs savaient la valeur de ramadan, ils souhaiteraient que l’année entière soit ramadan ».

Bon ramadan pleine de spiritualité à tous et que Dieu nous préserve du covid19 !

Imam Tiguiani NOMBRE

Président de la Commission de l’OJEMAO